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Chasse du Lynx au piège



VERS la mi-octobre, nous arrivions dans un endroit où devait être l’emplacement de notre premier camp permanent. C’était dans une section du pays confinant à l’une des branches de la rivière Manicouagan, l’une des plus grandes rivières de la Côte Nord, et la principale artère que prennent les sauvages et les trappeurs.

Règle générale, un Sauvage fait la chasse à tout gibier qu’il rencontre, mais, comme il existe différents degrés de l’échelle sociale, il y en a qui s’adonnent à une spécialité comme trappeurs. Mon associé Ashini, chassait particulièrement le lynx, c’était son dada. Pendant les nombreuses années que je le connus, il fit plus que doubler le nombre des captures des Indiens de tous les alentours. L’étendue de terrain qu’il avait choisi était exceptionnellement propice à cette chasse ; c’était un ancien brûlé couvert de bouleau, de peuplier, de sapin et d’épinette noire en re-croissance. Dans cette partie de la Côte Nord, le lièvre, l’écureuil, la perdrix, la gélinotte à fraise et la perdrix de savane abondent et constituent le menu naturel du lynx.

Cette deuxième pousse d’arbres, qui suit les grands feux de forêts, s’opère par bosquets. Près des endroits humides, dans les ravins, autour des lacs et sur le bord des rivières, croissent surtout le sapin et l’épinette ; sur les plateaux plus élevés, c’est plutôt le bouleau, le peuplier et le cormier que l’on rencontre, tandis que les sommets des montagnes fréquemment restent nus où ne sont recouverts que de mousses et broussailles.

À travers une telle région, on se fraye un passage, qu’on marque pour le retour, sur une distance de dix