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MES DÉBUTS COMME TRAPPEUR

le soir, mais, que ce soit sur un lac ou une rivière, il vaut toujours mieux établir un camp, l’arrière donnant du côté de l’eau. Avec les tentes et les poêles d’aujourd’hui, ce détail n’a pas autant d’importance, mais il a encore son utilité, en ce qu’il empêche les étincelles de tomber sur la tente. Certaines sortes de coton s’enflamment très facilement, et comme un feu se propage rapidement, on réussit assez bien à rendre ces tentes là ininflammables, en faisant tremper le coton dans une faible solution d’alun et de sel. Une étincelle peut bien tomber sur une tente ainsi traitée, mais n’y fera qu’un trou, et ne se propagera pas.

Il y avait aussi les pièges métalliques à emporter, un certain nombre dans différents numéros. Nous ne pouvions pas en transporter beaucoup, vu leur poids, mais chaque année nous en augmentions le nombre, en laissant les premiers en cache. Nous agissions de même pour bien d’autres effets, tel que : haches de rechange, couteaux, perçois et autres outils de camp. Au printemps nous ne nous chargions que de ce qui nous était nécessaire pour le retour.

Lorsque nos effets eurent été rassemblés, nous en avions, règle générale, pour deux charges de canot à transporter. Ce qui voulait dire : deux voyages aller et retour avec le canot, et quatre ou cinq portages.

Je ne fus pas lent à constater que le métier de trappeur n’était pas nos pique-niques, surtout au mauvais temps, lorsqu’il nous fallait revenir au camp exténués de fatigue et trempés jusqu’aux os.

Nous choisissions certaines rivières que nous remontions jusqu’à ce que nous trouvions un endroit passable à la chasse. Malgré que nous partions à bonne heure en septembre, le temps que nous prenaient ces doubles voyages et portages était si long que ça n’était qu’en octobre que nous pouvions nous mettre à tendre