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MES DÉBUTS COMME TRAPPEUR

mesurant cinq ou six pieds de largeur. On la montait en demi-lune sur des perches et nous allumions un feu en avant. Quand le temps était au beau nous dormions à la belle étoile. Telle était notre façon de voyager.

Chaque fois que nous mettions le pied sur un terrain de chasse convenable, nous nous faisions un campement à demeure. Ces campements variaient : tantôt c’était une cabane en bois rond, tantôt en planches de bois, c’est-à-dire des billots fendus en planches et disposés sur une charpente, tantôt une cabane de perches, faite de petits arbres et d’un remplissage de couennes et de branchages. Ce dernier mode de campement est dangereux : souvent il prend feu, comme bien des trappeurs l’ont déjà appris à leurs dépens. Enfin, il y avait la tente ordinaire en écorce, tente très confortable et convenant parfaitement à l’époque de la première saison.

Dans nos courses d’hiver nous nous servions toujours de notre coton jaune pour nous mettre à l’abri du vent et du froid. Quand la neige était épaisse, c’était une misère que cette façon de camper. Il nous fallait déblayer la neige sur un espace assez grand pour installer notre camp et faire du feu. Puis il y avait le bois de chauffage à couper, des branches de sapin ou d’épinette à ramasser pour faire nos lits et oreillers. Tout cela nous prenait bien deux heures de rude travail. Notre confort, pour le peu que nous en avions, dépendait en grande partie du choix judicieux du site de notre camp. Il nous fallait éviter les creux, et établir le foyer plus haut que l’arrière du camp, car il s’amortit toujours en brûlant, à moins qu’il soit sur un rocher. La fumée est un grand inconvénient, la nuit, alors que le vent rage, si l’on n’a pas eu la précaution de bien placer le foyer. Sur les rivières du nord le vent souffle presque toujours avec le courant,