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Nommé gardien de la rivière Godbout



VERS le 10 juillet 1860, un messager extraordinaire arrive à la Baie de la Trinité. Il était porteur d’un message pour mon père de la part du Rév. Dr W. Agar Adamson qui était alors avec quelques amis à faire la pêche au saumon à la rivière Godbout.

Il racontait dans ce message que des difficultés étaient survenues entre ses gens et quelques sauvages, qui persistaient à harponner le saumon dans la rivière, et que sa présence était d’urgence requise. Mon père était juge de paix, et, avec son titre d’ancien officier de la Compagnie de la Baie d’Hudson, jouissait d’une influence considérable parmi les naturels. Il était aussi un ami personnel du Docteur, qu’il avait très souvent rencontré dans ses excursions de pêche.

Je reçus l’ordre de préparer le canot avec quelques provisions, une marmite, une hache, et de me tenir prêt à l’accompagner, vu que notre pêche au filet était terminée. Nous avions quinze milles à pagayer, le long d’une côte accore et rocheuse, où, même un vent modéré pouvait nous mettre en panne. La chance nous favorisa ce jour-là, et nous mîmes cinq heures à nous rendre à Godbout. Quelques sauvages vinrent à notre rencontre à notre arrivée, et il fut décider de tenir un pow-wa au camp des pêcheurs, à un mille et demi en haut de la rivière, dans l’après-midi du même jour.

Nous nous rendîmes donc au camp où le Dr et ses amis avaient leurs tentes au-dessus desquelles flottait un petit pavillon anglais. Le groupe se composait de quatre personnes : le Dr et trois officiers anglais, le capitaine Holyoake, le colonel Charteris et le major Howard. Ils se plaignirent d’avoir fait pauvre pêche,