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ACCIDENTS DE CHASSE

à moins de nécessité immédiate, de rapporter chargées des armes à feu au camp ou en tout autre endroit.

Quand l’on fait la chasse en canot, le fusil devrait toujours être vidé avant que l’on mette pied à terre. Les quelques accidents fatals arrivés sur la côte furent dus à ce que l’on n’avait pas pris cette précaution, ou au fait d’avoir pris son fusil par la gueule du canon ou tout près, pour le retirer du canot.

Les personnes nerveuses ou excitables devraient s’abstenir de joindre un parti de chasse ; le fait est qu’on ne devrait pas leur permettre d’en faire partie. Une fois, à la Batture aux Loups-marins, près de l’Islet, nous étions un parti de cinq, et l’un de nous avait ce tempérament ; comme il en avait été question, chacun s’entendit pour le laisser agir à sa guise, ce dont il parut se froisser. La suite prouva que nous avions raison, attendu que, dès la première chasse le matin, son fusil partit quatre fois accidentellement. Un sportsman prudent peut éviter tous ces dangers parce qu’il jauge d’abord bientôt ses compagnons et agit en conséquence. Une fois, de temps à autre, le chasseur négligent ou nerveux finit pas se tuer lui-même, mais, règle générale, ce sont ses compagnons qui sont les victimes.

Je lisais quelque part, l’an dernier (1907), que le nombre d’accidents de chasse dans le Michigan et le Wisconsin s’était élevé à cent dix-sept dont près de la moitié auraient été fatals. Eh bien ! d’après la petite expérience que j’ai de la chasse, j’attribue assurément une centaine de ces accidents à la négligence et l’étourderie dans le maniement des fusils de chasse. Sur la Côte Nord ici, disons depuis Bersimis jusqu’à Natashquan, j’estime que nous avons environ deux mille cinq cents personnes qui, six mois sur douze, manient des armes à feu, avec un pourcentage moyen de un accident fatal tous les cinq ans.