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COUPS DE FUSILS INEXPLICABLES ET AUTRES

Mon hôte, M. L.-F. Fafard, alors gardien du phare, me dit :

— Comeau ! pourquoi donc ne tirez-vous pas ?

Je lui répondis que c’était hors de portée pour mon fusil, et que, d’autre part, je n’avais que du plomb No 4 et No 6, qui, à cette distance, un peu plus de deux cents verges, n’aurait pas le moindre effet. Se mettant à réfléchir pendant quelques instants, tout à coup une idée lumineuse parut le frapper.

— Pourquoi n’essayerions-nous pas le canon, fit-il.

Le canon dont il parlait était une pièce de 9 qui servait aux signaux du poste.

— J’ai ici, ajouta-t-il, un sac de mitraille S. S. G., que vous pouvez utiliser ; il faut que vous essayiez un coup.

Le canon fut chargé. J’y mis deux livres de poudre une immense bourre d’étoupe, puis la moitié du sac de plomb, 12½ livres, et enfin une légère bourre. Pointant soigneusement le canon vers le centre de la masse des canards, je fis partir l’amorce en me précipitant en même temps hors du phare pour voir le résultat de l’exécution.

Il y avait un nuage d’oiseaux qui s’envolaient, un bruissement d’ailes, des sifflements, mais, sur l’eau, pas une seule plume.

Peut-être se trouvera-t-il quelqu’un versé dans la science de l’artillerie qui me dira le pourquoi de ce fait, mais, quant à moi, je n’ai pas encore pu m’expliquer ce coup manqué.

Un hiver, j’étais à faire la trappe à la tête de la rivière de la Trinité, lorsque je découvris trois caribous pas bien loin de l’un de nos camps, c’était à bonne heure en janvier. Il n’y avait pas beaucoup de neige sur le sol, une couple de pieds ou à peu près ; mais ce