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COUPS DE FUSIL INEXPLICABLES ET AUTRES

avait été écorné. Malgré qu’il y eût une cible régulièrement établie, le plus souvent le tir se faisait, à des distances que l’on ignorait, sur des bidons, des bouteilles, des cailloux, des têtes d’arbres, etc. La distance du pot de faïence était d’environ 275 verges et comme le tir se faisait à première vue, le blanc à toucher était très petit.

M. Gilmour, ses hôtes et moi, nous avions pris chacun cinq rondes. Le pot de faïence était encore debout, lorsque M. David Law qui, ne prenait que très rarement part au tir, dit :

— Laissez-moi donc tirer un coup.

Sans s’occuper d’ajuster la mire, il mit le pot en joue et fit feu. Au grand étonnement des gens présents le pot vola en éclats. Je pense que ce fut là son dernier coup de fusil, mais c’en était un bon, quoique je le classe lui aussi parmi les « inexplicables ».

Il ne serait pas juste de ne mentionner que les coups heureux. Je désire enregistrer deux coups manqués, inexplicables, eux aussi.

À bonne heure en mai 1882, je me trouvai à la Pointe-des-Monts, attardé par un gros vent du sud-ouest. L’immigration printanière des canards battait son plein. Il en passait des milliers, principalement de trois variétés de la famille des macreuses : la macreuse à large bec, la macreuse veloutée et la macreuse à ailes blanches. Partout où il y avait quelque chose à manger, des bandes s’abattaient, s’arrêtaient des heures durant sur place, plongeant et becquetant. Juste en face du phare de la Pointe-des-Monts, il y avait une bande de ces oiseaux, qui, au bas mot, se composait bien de douze à quinze mille de ces volatiles. Le tout avait l’apparence d’un immense champ d’algues marines, qui s’élevait et s’abaissait en ondulant avec la houle.