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COUPS DE FUSILS INEXPLICABLES ET AUTRES

Labrie, pêcheur et chasseur de cette localité. La carabine qui lui servit était une Winchester Express, calibre 50, à balles creuses avec pointes trouées, qu’il chargea lui-même, et comme il n’avait pas de tubes de cuivre pour emplir les pointes trouées, il avait employé du gros suif. Je donne ces détails, parce qu’ils peuvent avoir été la cause de cet étonnant coup de fusil.

Il y avait sur la surface de l’eau, à quelque distance, deux huards ou plongeons à collier. Labrie essaya de les attirer en les appelant et en agitant un torchon blanc. Rien ne réussit à les amadouer, cependant, et à les faire s’approcher de plus d’une centaine de verges. L’un des deux plongeons fit demi-tour et se mit à nager vers la mer, à une distance d’environ quinze ou vingt verges de l’autre, en inclinant à droite sur la moitié de cette distance. Labrie qui était sur le fin bord de l’eau, voyant qu’il ne pouvait les faire s’approcher davantage, tira sur celui qui était le moins éloigné. J’étais tout près de lui, le regardant faire. Le coup ayant été tiré trop bas, la balle frappa l’eau à quatre ou cinq verges du huard, ricocha et atteignit le premier des deux à la tête, dévia ensuite à droite et alla couper le cou du deuxième. Étonnante bizarrerie d’effets d’un coup mal porté au début. Slosson, le champion des billardiste, n’aurait jamais pu tenir la chandelle à Labrie.

Feu le colonel Allan Gilmour, d’Ottawa, était un passionné du tir à la carabine, et aussi excellent tireur lui-même. Quand lui et son associé dans la réserve, M. David Law, de Montréal, venaient pêcher le saumon à la rivière Godbout, ils apportaient chacun une carabine, et lorsque le saumon ne donnait pas ils organisaient un concours amical de tir. Lors d’une de ces occasions, quelques-uns des engagés avaient placé sur une roche un pot de faïence blanche, qui