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LA TRUITE

Dans les lacs, cependant, nous pouvions en pêcher tout l’hiver, ce qui me donna à penser que la truite laisse les rivières en décembre et gagne les lacs pour l’hiver.

En mars et avril, la truite fut de nouveau abondante, mais, à la débâcle au mois de mai, elle émigra à la mer avec le saumon. Au printemps, elle est efflanquée et très vorace ; elle happe tout ce qui peut s’avaler, mort ou vif. C’est aussi la saison où elle se nourrit surtout de parr. On leur trouve communément des souris dans l’estomac, ce que les Indiens regardent comme un appât des plus fatal. Je peux, par expérience, certifier la chose.

Depuis le milieu de mai jusqu’à fin de juin, il reste peu de truites en rivière, mais ce qui en reste, en général des jeunes truites, se montrent disposées à causer tous les dommages possibles. Il n’est pas hors de l’ordinaire de pêcher à la mouche une de ces petites truites, au cours de la pêche au saumon, avec dans l’estomac un parr de près de la moitié de leur grosseur. Mieux que cela, j’en ai vu de la gueule desquelles, sortait la queue d’un parr. Messieurs Law et Manuel, propriétaires de la rivière Godbout, peuvent corroborer le fait, parce qu’ils en ont pris eux-mêmes qui s’étaient gorgées de même façon. Il est étonnant que pareille bouchée ne soit pas de nature à les rassasier. Où et comment peuvent-elles s’ingérer après cela quelqu’autre chose, comme une mouche à saumon ? Apparemment, elles se dardent dessus pour manger, mais, peut-être est-ce comme dans le cas du chat, pour le simple plaisir de mordre et détruire.

La truite fut prise sans merci au filet et à la seine au temps où la compagnie de la Baie d’Hudson monopolisait toutes nos rivières du nord, et c’est peut-être à cela que nous devons attribuer nos approvi-