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À MON RETOUR DE L’ÉCOLE

pluviers, et, un jour, deux magnifiques oies sauvages, que M. Têtu avait abattues à une énorme distance, avec son gros fusil.

Le temps s’étant éclairci, avec pronostics de bon vent, nous quittâmes les Escoumains, et, après une course de vingt-cinq milles, nous fûmes forcés de chercher un abri aux îles Laval. Le cotre était léger mais pauvre voilier, et nous ne pouvions avancer que fort peu ou pas du tout avec le vent sur le nez.

Tout doit prendre fin, cependant, mon voyage comme autre chose. J’arrivai en fin de compte à la Baie de la Trinité le 14 juin, six semaines après mon départ de Trois-Rivières. La goélette de cabotage qui avait laissé Québec vers le 20 mai avait déjà depuis longtemps opéré sa descente. On avait rapporté à ma famille que j’étais parti à bonne heure en mai. De sorte que mes gens avaient presque renoncé à l’espoir de me revoir, croyant que j’avais fait naufrage quelque part. Ce fut donc grande joie que mon retour sain et sauf.

En allant s’établir à la Baie de la Trinité mon père avait eu la liberté de continuer à faire le trafic des fourrures pour son propre compte et d’exploiter une couple de postes qu’il tenait loués pour la pêche du saumon au filet. À cette époque, sur la côte, comme on l’appelait, ce qui voulait dire toute la rive septentrionale du Saint-Laurent depuis Tadoussac jusqu’à Belle-Isle, il n’y avait rien autre chose à faire que la traite, la chasse et la pêche.

Dès les premiers temps, la Compagnie de la Baie d’Hudson en avait le monopole, et personne ne réussissait à lui faire une concurrence sérieuse ; tous ceux qui tentaient la chose s’en retiraient avec pertes. La chasse et la pêche furent très rémunératives pendant quelques années, mais étaient exposées à bien des aléas. Peu après mon retour à la maison, mon