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CHASSE AU LOUP DANS LE WYOMING

de retour au camp. Je mis de côté selle et gibier, y laissai ma carabine, et me pressai d’aller mettre nos chevaux au piquet et à l’herbe. Chemin faisant avec une longe à la main, je me mis à réfléchir à ce que je pourrais bien préparer pour cette nuit-là, à l’intention de notre voleur de perdrix. Je n’avais pas de piège d’acier ajustable pour les loups ; je décidai donc de tendre un collet, ce qui fut vite fait. Soudain, à moins de dix pieds de moi, se leva un coyote. Je vis une ligne blanchâtre se glisser dans l’herbe et sortant mon Colt, je lui envoyai deux balles, ce que je regrettai tout aussitôt : en effet, il faisait trop sombre pour être assuré de pouvoir toucher une cible fuyante aussi rapide. Je regrettai d’autant plus la chose que j’avais effrayé l’animal, et ainsi perdu la chance d’avoir mon voleur, car j’étais sûr que c’était lui qui était revenu chercher d’autres perdrix.

Quand le temps était au beau, nous prenions toujours nos repas en dehors de la tente, près d’un feu de camp, c’était plus confortable et plus gai. Ce soir-là, nous jouissions d’un bon feu très brillant, qui répandait beaucoup de clarté à certaine distance dans les environs. Ayant eu la curiosité d’aller jeter un coup d’oeil du côté ouest de la coulée, j’aperçus un gros coyote assis sur le bord d’une pente. Il était à une quarantaine de verges de moi. Je revins au foyer, sortis mon révolver, le visai avec soin et tirai. J’entendis un hurlement de douleur et la forme blanchâtre disparut derrière la hauteur. Je courus chercher mon fusil, dans l’intention d’essayer de trouver le coyote à l’aide d’une lumière, quand, à ma grande surprise, je fis lever un autre coyote près de nos selles. Ça devenait assez piquant. Ma carabine n’était pas chargée, de sorte que l’animal put s’esquiver avant que je fusse prêt.