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CHASSE COURTE ET FACILE AU LOUP

que le petit garçon n’était pas avec moi. Le jeune coquin s’était esquivé pour aller jeter un coup d’oeil à travers le bois. Quelques instants après, je le vis revenir en me faisant force signes de sa main. Je grimpai à la course.

— Ils nous ont sentis, dit-il. Je viens d’en voir trois qui s’en reviennent et redescendent la rivière. Ils ne sont pas bien loin.

Ne m’attendant pas à ce que j’aurais à aller dans le bois, j’étais parti de la maison avec une paire de chaussures à grosses semelles. Je les fis sauter à la hâte, pour ne pas faire de bruit, et c’est en chaussettes que je frayai un chemin. Je recommandai à Rat-Musqué de rester avec moi, au cas où j’aurais besoin de sa carabine ; elle n’était pas chargée, autrement, j’aurais eu peur de la lui confier, lui qui marchait en arrière de moi. En approchant de la falaise, je risquai prudemment un oeil par dessus. C’était bien le cas. Ils étaient trois en vue, à environ soixante pieds, et ils s’en venaient de notre côté, comme le jeune garçon l’avait dit. Il y en avait deux gros, sales brutes qui avaient l’air d’être affamés, et un autre un peu plus petit qui les suivait.

Je regardai tout autour pour m’assurer s’il n’y en avait pas d’autres. Je n’en vis aucun. À tout événement, il s’en trouvait assez pour une première ronde. Mon fusil à deux coups était complètement chargé de SSG, et j’étais sûr d’en abattre un ou deux à la distance où j’étais ; mais, l’envie me prit de les avoir tous les trois. Je décidai donc d’attendre jusqu’au moment où, nous ayant flairés, ils s’en retourneraient, ou bien jusqu’à ce qu’ils arrivent très près de nous. Les trois bêtes avaient évidemment flairé quelque chose ou entendu quelque bruit, car elles étaient sur le qui-vive. Quelle que fut la cause de