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PERDRIX ET AUTRES OISEAUX TERRESTRES

leur bec et leurs yeux noirs qui puissent déceler leur présence. Cette croyance populaire qu’ils se plongent dans la neige pour échapper à une poursuite est absolument ridicule. À la nuit, occasionnellement, ils peuvent s’enfouir dans la neige, mais ça n’est que lorsqu’il fait gros vent ou grand froid ; leur façon ordinaire de se reposer est le petit creux dont j’ai parlé, qu’ils se font dans la neige.

Un autre trait à remarquer chez le lagopède est la disproportion apparente des sexes ; sur les milliers que j’ai tués et examinés, il n’y avait que vingt-cinq pour cent de mâles.

En hiver, ces oiseaux préfèrent les basses vallées et le bord des rivières et des lacs, ainsi que les massifs de saules ; mais à mesure que la saison avance, ils cherchent les hauteurs en choisissant celles qui font face au soleil du milieu du jour. Quand ils volent au-dessus de l’eau, lorsqu’ils traversent des baies ou de grandes rivières, ils rasent presque la surface, se tenant à peu près un pied au-dessus. Au-dessus de terre, c’est l’inverse, ils volent parfois bien au-dessus des plus grands arbres.

Mais la caractéristique la plus remarquable chez ces oiseaux, est leur changement de plumage saisonnier. En 1885, j’avais l’avantage d’assister aux séances de l’Union des Ornithologistes Américains, à New-York. À l’une de ces séances, le Dr Stegneger donna lecture d’une très intéressante étude sur ce sujet. Le docteur produisit deux spécimens qui venaient de Terreneuve et qui, suivant lui, appartenaient à une sous-espèce indigène de l’Île. Il appuyait cette distinction particulièrement sur la coloration des primaires. Les deux oiseaux en exhibition avaient presque tous les bouts de leurs primaires de couleur noire. À mon retour, je me mis à la tâche pour examiner consciencieusement un grand nombre de ces