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PERDRIX ET AUTRES OISEAUX TERRESTRES

nous partions avec un arc et des flèches à têtes arrondies, nous les faisions dégringoler des arbres, d’une distance de vingt pieds, distance ordinaire à laquelle ici, on les met en joue.

Quel contraste avec les perdrix éduquées ! Il y a quelques années j’acceptais une invitation de monsieur C. Beatty, de Plattsburg, sur le lac Champlain, d’aller chez lui pour quelques jours, faire la chasse à différents gibiers. C’était tard en septembre, mais les arbres étaient encore pour la plupart couverts de feuilles.

Le premier jour, nous eûmes une grande chasse au canard sur la baie Missisquoi, et après cela une autre à la bécasse. Le dernier jour était réservé à une chasse à la perdrix et à l’écureuil gris.

Nous prîmes le déjeuner au lever du jour et nous voilà partis. Nous n’avions pas long à marcher pour arriver sur le terrain de la chasse, à travers certaines étendues de bois franc et beaucoup de broussailles. Nous entendîmes bientôt le frou-frou de perdrix s’enfuyant à notre approche. Nous n’en pûmes distinguer la silhouette d’une seule. Au bout de quelque temps, je tirai un coup de flanc sur une qui passait à plus de cinquante verges de là ; ce fut la seule perdrix qui fut abattue. Mais nous en entendîmes bien une douzaine et plus s’envoler.

Je fus tout simplement ébahi de constater autant d’effarouchement chez pareils oiseaux. À mon retour chez les miens, quand je racontai mon expérience aux gens de la place, ça les laissa très sceptique et ils crurent que c’était rien qu’une histoire de ma propre invention. Je pense qu’il se passera encore bien des années avant que nos oiseaux soient aussi éduqués. Depuis, j’ai fait la chasse à la perdrix dans le voisinage de Trois-Rivières et à Saint-Raymond, près de Québec, et, malgré qu’on leur fasse une chasse très