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CHASSE AUX OIES SAUVAGES

ces, de gaillet ou caille-lait (goose grass). À marée basse, ils viennent manger sur les grèves et graduellement, ils se rapprochent du rivage à la marée montante. À mi-marée, ils prennent leur vol en se dirigeant vers la rivière et quelque lac. En un endroit ils passent par-dessus un rocher très haut, taillé en promontoire et flanqué d’une coulée d’un demi-mille de largeur. Là, se dresse toute une ligne de fusils. À certains matins, j’ai vu de quinze à vingt chasseurs prendre part à cette partie de mousqueterie ; il ne passait pas une seule bande d’oiseaux sans que quelqu’un n’essaie d’y tenter sa chance.

À l’exception peut-être du plongeon, je ne crois pas qu’il existe de gibier à plumes sur lequel on gaspille autant de poudre ; quatre-vingt-dix pour cent des coups de fusil se trouvent complètement hors de portée.

Une erreur que l’on commet fréquemment quand les oiseaux volent, c’est de leur tirer du fusil par derrière ; la grosse taille de l’oiseau le fait paraître voler plus lentement et se trouver plus près qu’il ne l’est véritablement. On lâche une troisième bourrade, bang ! bing ! bang ! — toujours avec de la poudre sans fumée, on ne fait pas tomber un seul oiseau ; mais les gens prétendent que l’émotion ressentie leur procure une certaine satisfaction.

Si l’heure de la marée adonne, on peut faire deux rondes de coups de fusil le même jour, car lorsque la marée est à mi-jusant, le gibier s’en reviendra aux grèves. Si l’on a la précaution de ne pas les molester, sur leurs terrains de pâture, on se ménagera plusieurs jours de bonne chasse, mais si on les attaque la nuit ou sur les grèves, ils décampent vite.