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PREMIÈRES ANNÉES

tant de ce que j’étais « un nouveau » dans leurs escapades, s’arrangeaient de façon à ce que le sort tombât sur moi plus souvent qu’à mon tour.

C’était en septembre. Les melons étaient en pleine maturité. On s’entendit sur une tournée pour savoir où se trouvaient les meilleurs. Après délibérations, le choix s’arrêta sur le terrain du Rév. Dr Wood ; mais la place présentait certaines difficultés sous forme d’un haut mur de pierre surmonté d’un revêtement de bois armé de longues rangées de clous pointus. La maison du révérend occupait la partie sud du carré et quelques-unes de ses fenêtres donnaient sur le jardin.

À environ quinze pieds de la maison, en dedans et tout près du mur, se dressait un noyer de haute taille qui projetait des grosses branches par dessus le mur jusque dans la rue. Ce fut là que mon expérience du canotage et du maniement des amarres me servit. Nous nous procurâmes assez de corde pour en confectionner une sorte d’échelle à nœuds dont nous lançâmes, un bout portant une pierre, par-dessus une branche de l’arbre. Une fois l’échelle en position, ce fut simple jeu. La corde fut assujettie, jetée à l’intérieur, et alors commença la chasse aux melons.

Quatre melons furent cueillis et l’on retraita du côté du noyer sous les branches duquel s’étaient blottis les guetteux qui aidaient aussi à passer les melons aux complices dans la rue.

Nous eûmes brillant succès les deux premiers soirs. Nous ne fûmes pas dérangés. Mais dans l’intervalle, le jardinier finit par découvrir l’endroit par où nous nous introduisions ; de sorte que lui et le Dr Wood se mirent à faire le guet de pied ferme. C’était à mon tour de diriger ce troisième assaut, avec Alexandre L. (deux Alexandre).