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CHASSE AU CANARD

Les macreuses semblent être les seuls canards de leur espèce qui se noient ainsi en aussi grosses bandes.

Nos Indiens ici ne s’occupent pas beaucoup de la chasse au canard noir, anas obscura, ni d’autres espèces de la même famille. Ils paraissent donner leurs préférences aux oiseaux de mer, peut-être parce qu’ils sont plus gras, plus faciles à abattre, ou plutôt plus accessibles, car les oiseaux de mer portent plus de plomb que ceux d’eau douce. Leur manière de chasser ce gibier aquatique ne varie pas ; et ces indigènes ne se servent jamais de trompe-l’œil soit artificiels, soit vivants. Bien peu de gens sur la côte Nord ont recours à ces ruses ; ils ne comptent que sur leur habileté à imiter les cris des oiseaux, ou à les attendre en se mettant à l’affût de leurs envolées, soit qu’ils montent, soit qu’ils descendent le long de la côte.

Durant la saison d’hiver, le canard eider de deux espèces, le Somateria Mollissima ou Eider commun et le Somateria Spectabilis, ou Eider remarquable, le Harelda glacialis ou canard à longue queue ou canard de Terreneuve ou Kakawi, le Bucéphale de deux espèces, le Clangula ou Bucéphale d’Amérique, ou canard caille ou Pisque, et le Bucephala Islandica, Bucéphale d’Islande, sont les principaux oiseaux de sport et d’alimentation.

Pour le Pisque et l’Eider, on a recours à des paravents de glace que l’on érige près de leurs refuges, la plupart du temps au bout de quelque pointe où les très forts courants tiennent l’eau libre de glaces. Derrière cette embuscade toute drapée de blanc, le chasseur se poste, et à la première apparition de l’aube, les oiseaux commencent à s’y aventurer. Si le tireur est là pour le sport, il les attaquera au vol, mais si c’est pour s’approvisionner, il attendra que les oiseaux soient en nombre pour faire feu dans la bande, et il