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CHASSE AU CANARD

nassière, cinquante, soixante canards et même davantage. Depuis l’introduction des fusils à culasse, des pump-guns et l’augmentation des populations et du trafic sur la Côte Nord, les canards ont ou diminué de nombre ou émigré ailleurs.

Le canard macreuse est polygame, et, pendant la saison d’accouplement, on peut aisément les attirer en agitant un chapeau noir ou gris ou tout morceau d’étoffe de même taille et de même couleur et imiter leur cri. Des groupes de dix ou quinze amoureux sont fréquemment à la poursuite d’une femelle, et leurs évolutions dans l’air à cette époque sont fantastiques ; ils montent, descendent et zigzaguent dans toutes les directions. Si une femelle est abattue d’un coup de fusil, tous les autres canards la suivent et se laissent choir avec elle.

Un jour, j’étais à la chasse avec feu monsieur Nazaire Turcotte, de Québec. Tirant un coup de fusil dans l’une de ces bandes d’une quinzaine de soupirants, il lui arriva de tirer la femelle ; c’est alors que toute la bande descendit à terre.

— Bonne Sainte-Anne s’écria monsieur Turcotte, je n’ai jamais encore fait un aussi beau coup de fusil.

Ce ne fut qu’au bout de plusieurs minutes qu’on réussit à le persuader que pas un seul autre canard que la femelle avait été touché.

Vers fin de juillet, les canards en mue, les Moulters sont incapables de prendre leur vol et restent quatre semaines dans cet état. Avant cette époque-là, ils se groupent en bandes de plusieurs milliers tout près des endroits où ils trouvent à manger à gogo, et y séjournent, à moins qu’on ne les fasse déguerpir, jusqu’à la première semaine de septembre, alors qu’ils reprennent leur vol. Quand ils sont arrivés à la moitié de leur mue, les Indiens et parfois d’autres gens leur font la chasse pour se nourrir, et, chose