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NOTRE VOYAGE DE RETOUR

notre disposition des carrioles pour nous transporter jusqu’à la Baie Sainte-Catherine. Je me rappellerai toujours avec le plus grand plaisir le jour que je passai là.

Le capitaine Zic Gagné, mon conducteur, avait un magnifique cheval noir qu’il conduisait comme sa goélette, avec cette différence que, ne pouvant pas prendre de ris avec son cheval, il nous fit verser deux fois en route pour avoir pris trop de voile. C’était un furieux meneur de chevaux, et je me sentis un peu plus rassuré lorsque nous eûmes passé les Sept Côtes de Port-au-Persil. Ici, nous fûmes les hôtes du capitaine Wm. McClaren, une de mes vieilles connaissances, et pendant plusieurs années le pilote du yacht du juge, aujourd’hui Sir Elzéar Taschereau.

Nous repartîmes à bonne heure et comme les chemins étaient trop mauvais pour permettre aux chevaux de faire de la vitesse, il ne nous arriva pas de culbutes en route, et nous atteignîmes Sainte-Catherine à 2.30 heures de l’après-midi. Nous eûmes la chance d’y rencontrer un ami et confrère, Monsieur Gabriel Bouliane, chasseur bien connu de marsouins et de loups-marins. M. Bouliane nous fit préparer un bon repas et peu après, le temps et la marée adonnant, il nous traversa dans son canot à Tadoussac.

Comme bien d’autres gens de son métier, M. Bouliane l’avait souvent échappé belle en chassant le marsouin et le loup-marin. Une fois lui et son frère eurent leur canot culbuté par un marsouin blessé. Son frère se noya, et quant à lui il était absolument rendu à bout lorsqu’on le sauva. Une autre fois, après avoir passé une nuit au large et au vent sans avoir pu abattre un seul marsouin, il se mit en tête, juste au moment où ils rentraient avec la marée montante, de tenter quelques coups de fusil sur le loup-marin sur les crans. Débarquant sur une pierre