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QUE FAIRE UNE FOIS ÉGARÉ DANS LE BOIS

J’allumai ensuite, de la même façon, un morceau d’amadou et un feu, comme je l’avais promis. Je réclamai la peau de castor que l’Indien se déclare bien content de me remettre, en échange du secret. Je présume qu’il dut gagner bien des paris après cela, avec ses amis.

Avec l’ancien fusil à pierre, il était facile aussi de se procurer du feu en mettant de la poudre dans le bassinet avec un morceau de coton sec et même humide, si l’on avait, au préalable, le soin de le bien frotter avec de la poudre sèche. Avec le fusil à capsule ou à culasse, il faut encore plus de soins. On prend un morceau d’étoupe que l’on imprègne de poudre sèche, on introduit dans le fusil ou la cartouche, une charge d’environ une demi-drachme de poudre et on la recouvre du morceau d’étoupe préparé, comme légère bourre. On a tout prêt, un morceau d’amadou ou de bois pourri sec, à part le bois ou les copeaux dont on a besoin. Le coup parti, on ramasse la guenille qui a pris feu. Après cela, il ne s’agit que d’éventer le feu pour produire la flamme. Si la charge de poudre est trop forte, la bourre se trouvera éteinte par la vitesse et la résistance.

Dormir dans la neige. — Un hiver, j’avais un camp à demeure sur les bords du lac Shetagomau, tête de la branche est de la rivière Manicouagan. Vers la mi-février, mon frère et moi nous décidâmes d’aller faire un voyage d’exploration d’environ deux jours de marche, plus loin au nord, à la recherche de quelque repaire de martres. Comme nous n’étions pas à la chasse aux provisions, nous nous arrangeâmes de façon à nous encombrer le moins possible de bagages, pour nous permettre de voyager plus rapidement. Nous emportions chacun une hache, une bouilloire de ferblanc d’une pinte, et des vivres pour quatre jours que nous avions empaquetés dans la