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QUE FAIRE UNE FOIS ÉGARÉ DANS LE BOIS

sité de feux en plein air a fort diminué ; mais, même en manœuvrant un poêle, il y a à suivre, quand on l’allume, un procédé qui repose sur la nécessité de favoriser le tirage.

Quand je faisais la trappe avec mon frère, souvent nous expérimentions, histoire de nous amuser, et quelquefois dans des cas de nécessité, sur la manière d’allumer un feu sans allumettes. Le briquet et le silex étaient encore d’usage dans ce temps-là ; nous en étions toujours munis avec de l’amadou ou du coton brûlé, que nous mettions dans un sac étanche fait de peau de loup-marin ou parfois, de quelqu’autre petit animal. Dans l’ancien temps, ce sac se portait journellement à la ceinture, mais quant à nous, nous le laissions accroché dans notre camp stationnaire, comme réserve au cas où nos allumettes manqueraient, ou qu’elles seraient perdues ou détériorées. Faire du feu avec le briquet et la pierre à fusil était chose assez facile, mais j’avais lu que chez certaines tribus indiennes, on faisait du feu en frottant ensemble deux morceaux de bois, et voilà ce que nous voulions essayer.

Je regrette d’avoir à dire que je ne puis recommander ce procédé, mais il est bien réchauffant, parce qu’au bout de quelques minutes de pareil exercice, la transpiration nous coulait sur le visage. Avec un bloc de bois comme base et un autre morceau servant de fiche, par l’intermédiaire d’une corde peu tendue et d’un archet, nous parvenions à produire de la fumée, mais jamais de feu, peut-être parce que nous ne soutenions pas assez longtemps l’opération. Une lentille et de l’amadou, voilà ce qu’il y a de mieux, s’il fait beau soleil. Le seul inconvénient, c’est que, l’hiver, le soleil est souvent invisible.