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LE MAJOR HENRY SCOTT

J’avais entendu parler de ce régiment d’élite durant la guerre de Crimée. Ce souvenir, avec la lettre d’introduction de mon ami, assura au Major une chaleureuse réception, et, de ce jour-là jusqu’à sa mort, quelques années plus tard, nous demeurâmes grands amis.

Je n’ai jamais rencontré d’homme aussi grandement versé dans tant de choses et s’en tirant aussi bien. C’était un parfait jack of all trades, un homme à tout faire, bon marin, voilier, forgeron, charpentier, fabricant de filets, etc. et, de plus, bon artiste, tireur adroit et excellent pêcheur.

Une chose, cependant sur laquelle il s’y connaissait très peu, et c’était sur le sujet forestier.

Parmi ses nombreux talents, il faisait aussi des merveilles dans la vannerie, soit dans les paniers bruts ordinaires, soit dans les paniers de haute fantaisie. Il avait apporté avec lui d’Angleterre, quelques rameaux d’une espèce particulière de saule employée là-bas pour la confection d’ouvrages délicats. M’ayant montré ces échantillons, il me demanda s’il y avait une pareille espèce de saule dans le pays, je lui donnai les renseignements que je pouvais avoir en la matière, en l’avisant de se rendre à une crique à environ un mille et demi de la maison. Pour arriver à l’entrée de ce ruisseau, il fallait faire un autre mille le long de la grève. La baie de Godbout forme une sorte de bassin avec une grève de sable qui s’élève graduellement en buttes jusqu’à trois milles en arrière, où elle rencontre les contreforts de la chaîne des Laurentides.

Un bon matin, le major me dit qu’il s’en allait avec sa femme faire une marche jusqu’au ruisseau et que s’il n’y avait pas trop de mouches, il irait à la recherche