Page:Comeau - La vie et le sport sur la Côte Nord du Bas Saint-Laurent et du Golfe, 1945.djvu/175

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
171
LE SAUMON ET SES MIGRATIONS

au maquereau en hiver, au large du littoral de l’Atlantique ; d’autres pêcheurs à la seine ont aussi rapporté en avoir capturé quelques-uns.

Ces quelques données ont porté les gens à croire que notre saumon s’en va hiverner dans l’océan Atlantique, pour nous revenir au printemps. Ceci {{corr|peut-être|peut être vrai du saumon dont l’habitat se trouve sur les côtes du Nouveau-Brunswick, mais je ne crois pas que notre saumon de la Côte Nord fasse une si lointaine randonnée, malgré qu’il se peut qu’il y en ait quelques-uns qui agissent de la sorte. Je suis d’opinion que le gros de notre saumon reste dans les eaux profondes du Saint-Laurent. À l’appui de ceci, j’ai en note qu’un saumon a été pris dans un chalut de pêche au flétan, au large des îles Caribou, au mois d’avril. J’ai aussi constaté la présence de restes de saumon dans l’estomac de loups-marins abattus au large de la Pointe-des-Monts, aux mois de janvier et février.

Le flétan, le hareng, le carrelet, le chien de mer et le requin du Groenland, le homard, etc., gagnent les eaux profondes du Saint-Laurent, à l’approche de l’hiver et reviennent à la côte au printemps, dès que la glace le permet. Pourquoi donc le saumon n’en ferait-il pas autant ?

Nourriture du saumon. Voilà un sujet qui, pendant longtemps, a soulevé la discussion. Quelques-uns ont soutenu que le saumon se nourrit seulement des bestioles qui se trouvent dans l’eau, et que c’est pour cette raison qu’on ne lui trouve jamais rien dans l’estomac.

J’étais encore un jeune garçon lorsque j’entendis énoncer cette théorie. C’était durant ma première année comme gardien de la rivière Godbout. Deux officiers anglais, le major Howard et le colonel Charteris avaient été invités par le Dr  W. Agar Adamson