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LE SAUMON ET SES MIGRATIONS

cette période, je dois avoir moi-même pris, assurément une vingtaine de mille saumons qui tous, moins peut-être cinq ou six, sont tombés dans mes filets, dans leur course du côté de l’ouest ; mon expérience sur ce point est celle de centaines d’autres pêcheurs.

Dans cette migration, les saumons ont pour visée d’entrer dans les rivières pour y frayer. Voilà ce qu’ils font généralement, dès que la glace et la neige ont disparu de l’eau ; ce qui arrive ordinairement vers le 10 juin dans la plupart de nos rivières. À quelques rares exceptions, ces allées et venues du saumon cessent vers la fin de juillet.

Avant d’entrer dans l’eau douce et fraîche, ils attendent pendant quelque temps dans les estuaires, allant et venant avec les marées, et s’acclimatent ainsi graduellement ; autrement, tout changement brusque de conditions leur serait mortel. J’ai souvent remarqué des incidents de pareille occurrence chez d’autres poissons, comme la morue, le hareng, le capelan, et, en quelques cas isolés, chez le flétan et le homard, lorsqu’ils se trouvent emportés de l’eau salée dans une rivière, par le flux des marées, puis engloutis par l’eau douce, qui de surface, se précipite en torrents avec le reflux.

Le temps qu’il passe à la mer, le saumon ne voyage que le jour, ce que l’on peut affirmer du fait que sur les centaines de filets tendus le long de la côte, il n’y a pas un seul saumon qui s’y prenne la nuit, à moins qu’il s’en trouve un qui s’égare près d’un filet.

Il y a des années alors que le harpon était toléré dans les rivières qui n’étaient pas sous licence, j’ai souvent observé que le saumon se tenait bien tranquille au fond de l’eau, et généralement dans le voisinage de roches ou d’étendues d’algues marines, où il