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Le Saumon et ses migrations



DEPUIS mon enfance, je me suis intéressé au saumon à tant de différents points de vue, que je ne puis résister au désir de traiter un peu longuement ce sujet. Tous les pêcheurs de ce magnifique poisson, soit comme sport, soit comme spéculation, comprendront mes sentiments et excuseront ma loquacité.

Ca n’est pas mon intention, et ça n’entre pas non plus dans le cadre de cet ouvrage, de faire l’histoire naturelle du saumon. Je désire tout simplement mettre devant les yeux du lecteur, mes observations, mon expérience et mes opinions à son sujet.

Débutons par ses migrations au printemps.

Chaque année, vers la mi-mai toute une énorme brigade de saumons se meut vers la Côte Nord du fleuve et le golfe Saint Laurent. Il se fait une pareille migration vers la Côte Sud.

La première migration se divise en deux parties dans le voisinage de l’Île Anticosti, l’une allant à l’est, c’est-à-dire suivant la ligne des côtes à partir de Mingan jusqu’au détroit de Belle Isle ; l’autre prend une direction ouest et remonte le Saint Laurent. Quand je dis que ce saumon suit la ligne des côtes à l’est ou l’ouest à partir de Mingan, je ne prétends pas que le poisson qui donne sur la côte près de cet endroit, suit la côte jusqu’au Saguenay ou plus loin, mais seulement que c’est sa tendance. Le mouvement est général, que ce soit près de Mingan ou de Tadoussac, quel que soit l’endroit où le poisson se rende.

J’ai grandement fait l’expérience de la capture du saumon au filet ; j’ai possédé et exploité plusieurs pêches, à l’est, dans le voisinage du Saguenay, durant une période d’une trentaine d’années. Durant