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SUR LA PÊCHE À LA LIGNE

J’en ai pris avec des hameçons presque nus, et avec des mouches que je fixais grossièrement et qui ne ressemblaient à aucun type.

Quand, d’une journée à l’autre, on a fait la pêche sans succès avec des mouches-types dans une certaine étendue d’eau, il arrive qu’on réussisse à attirer et prendre un saumon avec une mouche non classée. Tels sont les caprices du saumon. Quand il n’est pas disposé à venir à la surface de l’eau, ce qui généralement arrive vers la fin de la saison, en juillet et en août, la plus belle, la plus éblouissante mouche ne le tentera pas. La température de l’eau les affecte beaucoup. Une température au-dessous de 60° Fahreinheit est favorable, mais les chances de succès diminuent à mesure qu’elle excède ce degré. Quant au mérite respectif des mouches à hameçon double ou simple, d’après mon expérience, il s’accroche plus de poisson avec l’hameçon double. Mais, toutes choses égales d’ailleurs, sur un nombre déterminé de saumons pris à la mouche, on constate qu’il s’en perd bien moins avec la mouche à un seul hameçon, attendu que celui-ci, quand il s’accroche du poisson, s’y fixe d’une façon plus solide. Le défaut ordinaire des mouches à hameçon double est de faire des écorchures et des piqûres superficielles.

Le lancer. — Tout individu qui peut convenablement lancer de trente à quarante pieds de ligne, a bonne chance de prendre un saumon. Il n’est pas donné à tout le monde d’être un Enright, et quelqu’admiration que l’on puisse éprouver en face d’autant de vigueur et d’habileté dans le lancer d’une ligne, la chose n’est réellement pas nécessaire au succès de la pêche. De fait, on prend bien peu de saumons avec des lignes lancées à aussi longue distance. Je n’ai jamais moi-même fait d’exploits sous ce rapport ; un peu plus de quatre-vingts pieds, telle a été ma limite,