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TRAGÉDIE SUR LA COTE NORD

Nord du Saint-Laurent, et y avait déjà en différents temps passé quelques mois à faire la trappe et la pêche.

Il y avait de longues étendues de côte d’environ trente ou quarante milles où souvent il n’y avait pas âme qui vive. Dans cette direction se trouvait sa chance, pensa-t-il, et son plan futarrêté.

— Eh bien, mon ami, fit-il, je regrette bien de vous voir retourner chez vous, avec aussi peu, après votre travail de tout l’été ; restent encore trois ou quatre semaines avant que l’hiver arrive ; pourquoi ne pas tenter autre chose ?

Poitras lui proposa alors un voyage à la Côte Nord pour chasser le loup-marin et trapper en société avec lui ; ce à quoi Ouellet consentit. On fit les préparatifs. Le bateau de Ouellet devait servir au voyage ; ce dernier laissa du poisson et quelques autres effets dans le magasin de Poitras, pour les reprendre au retour.

— Nous ferions mieux de repasser votre couteau à boucherie, dit Poitras, au cas où nous en aurions besoin pour écorcher nos loups-marins.

Ce couteau, aiguisé par Ouellet lui-même, fut le même qui servit à son assassinat.

Le lendemain, il faisait beau temps. Poitras et Ouellet partirent pour la Côte Nord. Ce fut la dernière fois que Ouellet fut vu vivant.

Poitras était veuf ; sa fille, âgée de 17 ans, tenait sa maison ; le seul autre membre de la famille était un garçon de douze ans. Les deux enfants reconduisirent les deux hommes à bord, et revinrent en canot à terre. Il était alors quatre heures de l’après-midi. Il faisait une légère brise de vent d’ouest, et le bateau fut bientôt hors de vue.

Qu’arriva-t-il après cela ? On ne peut que tirer des conjectures.