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LES LOUPS-MARINS ET LEUR CHASSE

breux ; il y en a cependant quelques-uns tout le long de la côte et autour de l’Île d’Anticosti. Leur principal rendez-vous est aux îles Mingan, aux îles Cawee et aux battures de Manicouagan. Mais ils s’en vont rôder beaucoup plus loin à l’ouest, car, à bonne heure en octobre 1886, je tirai une femelle de deux ans à la Batture aux loups-marins, près des Piliers, à 45 milles en bas de Québec.

Ils ne sont pas assez nombreux, en quelque partie que ce soit de la province de Québec, pour avoir une importance commerciale. Monsieur J. Thibault, de Manicouagan, m’a assuré en avoir tué, en cet endroit, un, qui mesurait neuf pieds de long. Ils sont très violents, et se battent férocement entre eux pour une simple place sur une roche ou une batture. On trouve souvent parmi eux des loups-marins de grève, mais ceux-ci se tiennent à distance respectueuse. Excepté très tard dans la saison, vers octobre, il est bien difficile de rattraper ces loups-marins, car une fois mortellement blessés, il coulent au fond de l’eau comme des caillous. La seule chance qu’il y ait de les rejoindre est quand l’eau est basse et que le fond est visible. Ils aiment beaucoup se tenir au pied des falaises ou de rochers abrupts, quand le temps est à la tempête ; la mer écumante semble les amuser, alors qu’on s’attendrait les voir, à chaque instant, lancés et mis en pièces sur les rochers.

En général, ils s’enfoncent pour de longues périodes sous l’eau, et, de retour à la surface, ils ne se montrent que la tête pour deux ou trois minutes. Aucune démonstration quand ils plongent ; ils ne montrent jamais le dos comme d’autres loups-marins, mais disparaissent en se laissant glisser comme entraînés par leur propre poids.

Ils ne sont généralement pas l’objectif particulier d’une chasse, excepté lorsque des pêcheurs veulent