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LES LOUPS-MARINS ET LEUR CHASSE

de plomb beaucoup plus petit, de préférence le numéro un et le numéro deux, ce qui donne meilleur résultat ; outre cela, la chose est absolument nécessaire, attendu que la partie du crâne qui se trouve exposée, ne mesure qu’environ un pouce.

Traits caractéristiques de ces loups-marins, c’est qu’ils nagent à la façon des chiens et que, si quelque chose les effraie, ils font des sauts de six ou sept pieds hors de l’eau. Les femelles avertissent invariablement leurs petits, s’il y a danger, à l’eau, en leur sautant sur le dos pour les enfoncer sous l’eau ; toutes les histoires qu’elles prennent leur petit dans leur gueule, comme font les chiennes et les chattes, sont absolument sans fondement. Quand elles se chauffent au soleil, sur un rocher ou une batture, à l’approche d’un danger, elles pousseront du museau leur petit à l’eau.

Le meilleur temps de l’année de leur donner la chasse est l’été depuis juillet jusqu’à fin octobre. En d’autres temps, s’il y a des glaces, leur finesse d’ouïe les rend à peu près inabordables. Entre le canotier et le chasseur partis pour leur faire la chasse, on ne se dit pas un mot. Un seul mouvement de la tête ou de la main, ou une légère vibration du canot suffisent à attirer leur attention. Quand le loup-marin se trouve près, seul le timonier doit ramer, mais tout le temps sans sortir son aviron de l’eau. Comme l’animal est très curieux, rarement il s’enfuit au premier aspect d’un danger ; il tentera plutôt de flairer ce qui lui apparaît.

Je me suis beaucoup amusé un jour à Petit Métis à examiner un loup-marin de grève âgé d’un an qui jouait avec une bouteille vide qu’avait jeté par-dessus bord un des passagers du yacht Swallow. j’avais ma carabine et j’attendais que la bouteille fût assez éloignée pour tirer au moment opportun.