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LES LOUPS-MARINS ET LEUR CHASSE

et ils ne s’approchent même pas du rivage, à moins que le vent ne souffle au large, parce qu’alors ils flaieront bien vite la présence de l’homme, même à deux ou trois cents verges de distance.

La durée de la gestation est probablement d’environ neuf mois. Je ne puis cependant l’affirmer positivement, car je n’ai jamais eu l’opportunité de m’en assurer, mais je suis porté à croire qu’il en est ainsi, attendu que les femelles se rendent à l’appel clairement lancé du mâle, en septembre.

Elles mettent bas en juin et juillet, mais la plupart du temps en juillet. Les petits sont parfaitement blancs à leur naissance ; cependant, quelques minutes après, à la chute de ce premier poil, ils prennent leur vrai pelage et sa couleur ; celle-ci est blanchâtre au-dessous du corps et bien tachetée de noir et de blanc sur le dos. Au bout de deux ou trois semaines ils sont laissés à leur pleine liberté. Ils sont très gras et donnent en moyenne environ deux gallons d’huile ; plus de la moitié de leur poids consiste en gras.

Cette couche de graisse disparaît bientôt cependant, et vers la fin de juillet ou à bonne heure en août, il ne leur en reste pas plus que quatre ou cinq livres. C’est alors qu’ils ont un appétit vorace, et se font une nouvelle couche de graisse suffisante pour les protéger contre les froids d’hiver.

Les loups-marins de grève n’émigrent pas, mais séjournent au pays hiver et été. Ils ne vont pas, en bandes, et dans les eaux libres, on les rencontre rarement en grand nombre à la fois, tout au plus parfois, se trouvent-ils trois ou quatre ensemble. À l’époque de la parturition, ils se rassemblent sur les bancs de sable ou sur des îlots de roches. Beaucoup se groupent pour se reposer et se chauffer au soleil, et pour peu qu’on les dérange, ils se dispersent.