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LES LOUPS-MARINS ET LEUR CHASSE

Quand un loup-marin a été vu, on dirige le canot vers, mais sans le dépasser, l’endroit où il a paru. Le canot doit alors virer de bord et aller lentement de reculons, avec le tireur ayant l’œil au sillage du canot, parce qu’il y a chance que le loup-marin y reparaisse. S’il est proche, tout mouvement est interdit ; il regardera un instant, puis replongera pour réapparaître un peu plus loin, ou ce qui est possible au même endroit, s’il n’est pas effarouché. Pendant ce temps-là, le chasseur a épaulé son arme, visé et tiré.

Quand le loup-marin harpe se trouve sur un morceau de glace, de petite dimension, il est très farouche mais lorsqu’il est sur un grand champ de glace, on peut, en marchant, facilement l’approcher. Le meilleur temps de lui faire la chasse est à bonne heure le matin lorsqu’il fait très froid. À ces moments-là, il vient plus près du rivage, en quête de nourriture et la vapeur dense qui surgit de la surface de l’eau le rend moins défiant. Il faut alors se vêtir aussi légèrement que possible, autant que la chose est compatible avec la température, et se couvrir d’un long et léger pardessus de coton blanc. La seule manœuvre du canot est un exercice qui suffit à entretenir la chaleur du corps, et la légèreté des vêtements favorise une plus grande rapidité de mouvements, ce qui est souvent nécessaire, non seulement pour le tir, mais aussi en cas de mésaventures.

Les dangers de la chasse au loup-marin harpe, sont, de se faire chavirer par l’animal blessé, ou, s’il est abattu, de renverser, en le halant à bord du canot, d’être mis en pièces par les glaçons en mouvement, ou de rester pris dans une étendue de glaces et de neige, de passer à travers la glace en y marchant, d’attraper des engelures, sans compter les dangers qui accompagnent la manipulation des armes à feu,