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LES LOUPS-MARINS ET LEUR CHASSE

ment, surgir à la surface de l’eau, à cinq ou six verges de nous, et sous le vent par rapport à nous, puis tant que nous ne bougions pas, ils ne s’occupaient pas le moins du monde de notre voisinage. Au moindre bruit, cependant, ils disparaissaient, mais pour remonter un peu plus loin, s’ils n’étaient pas trop effarouchés, ou si au préalable, on n’avait pas tiré sur eux.

Une fois effarouchés, ils ne se remontrent qu’à de lointaines distances, et très souvent restent de quinze à vingt minutes sous l’eau. Lorsqu’ils sont blessés d’une balle ou avec de la chevrotine, à moins de l’être mortellement, ils fileront bien loin ; mais si c’est avec du petit plomb comme le numéro A, ils reviennent bientôt à la surface. La seule façon dont je peux m’expliquer la chose, c’est que le sang, ne s’échappant pas facilement du petit trou fait dans l’épaisseur de leur peau, il se forme un caillot interne, et le gonflement bientôt les suffoque ; tandis que, causée par une balle ou de la chevrotine, la blessure est grande et saigne facilement, ce qui gêne infiniment moins leur respiration.

En juillet, août, septembre, octobre et novembre, ils ne sont pas aussi nombreux, mais, comme je l’ai déjà dit, on en voit toujours quelques-uns tout le long de l’année.

Des spécialistes et des chasseurs m’ont dit que les femelles ne mettaient bas que tous les deux ans. Je suis porté à mettre cette assertion en doute, basée, qu’elle est sur le fait que l’on a tué en hiver des femelles adultes qui n’avaient pas de petits. J’en ai souvent tué moi-même, et je ne considère pas ce fait comme concluant, attendu qu’on peut l’observer, non dans la même mesure peut-être, chez tous les mammifères.