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LES LOUPS-MARINS ET LEUR CHASSE

que je tuai une femelle de cette variété avec son petit, en mars 1875. Le petit avait le poil blanc comme celui du loup-marin de Groenland et quelques autres. La femelle était presqu’arrivée au terme de sa gestation. Comme taille, elle était plus petite qu’un loup-marin de grève.

Les loups-marins de cette variété n’étaient, en aucun temps, assez nombreux pour qu’on leur fît spécialement la chasse, mais on en abattait à l’occasion, alors qu’on était à la poursuite de quelqu’autre variété, ou en en rencontrant par hasard.

Le « Harpe » (Phoca Groenlandica)

Le loup-marin Harpe ou du Groenland (Phoca Groenlandica), est le plus abondant de tous les phoques qui, en nombre considérable, prennent leurs ébats sur le parcours du Saint-Laurent, à l’époque de leurs migrations. Il est connu dans ce coin du pays sous une foule de noms tels que, le Brasseux, la Pivelée, la Barre sale, la Barre noire, le Cœur marqué, etc. ; mais ces différents noms tournent sur un seul et même loup-marin, suivant son âge, sa couleur et les zébrures de sa livrée. Il est, au plus haut degré, grégaire et se meut à la fois, par centaines et même par milliers. J’en ai observé, à la Pointe-des-Monts, un troupeau qui couvrait une étendue de plus d’un mille ; il devait y en avoir des milliers.

Les loups-marins du Groenland se rencontrent ici en toute saison, mais en infiniment plus grand nombre, en hiver, particulièrement en décembre, en janvier et au commencement de février, après quoi les femelles en gestations, disparaissent et gagnent les banquises du golfe pour y mettre bas leurs petits ; ce qu’elles commencent à faire vers le 15 de février.