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BRACONNIERS

Il tint parole. Il vécut plusieurs années à Godbout et ne me causa plus jamais de trouble. Plus tard, il me confessa qu’ils étaient quatre de sa bande. Un surveillait d’ordinaire ma maison, et, s’il était en doute que j’y fusse, il entrait chez moi sous un prétexte ou un autre pour savoir si j’étais sorti ; dans ce cas-là, personne ne bougeait. Un autre faisait le guet sur la pointe et donnait un signal à celui qui était en haut de la côte, et celui-ci avait tout le loisir nécessaire pour avertir William et filer. Il n’a jamais su comment j’avais réussi à dépister ses trois guetteurs.

Le harpon le plus communément en usage chez les indiens ou les blancs dans cette localité est le nigog, mais celui qu’on emploie le plus dans les rivières profondes ou à fort courant, est l’entogan, harpon fabriqué avec un os. Cet os mesure environ six pouces de long et se fixe par une sangle au milieu, à laquelle on attache la longueur de corde qu’il faut. Les deux pointes sont tranchantes, et le centre est pourvu d’une douille dans laquelle s’ajuste un long manche. Quand on harponne un poisson, on retient le manche dans la main, et le harpon, se trouvant pris par le travers dans le poisson ne peut sortir. On laisse le poisson frétiller en l’attirant graduellement hors de l’eau.

On utilise parfois l’entogan pour darder le castor.

Pour attraper le saumon au collet, on se sert d’une gaine enduite de graisse, ou de broche de cuivre ou de laiton. Le collet est fixé au bout d’une forte