Il a séduit des milliers qui dès lors n’ont plus écouté ordre de Dieu ni du pape.
Walther est reconnu comme le premier des lyriques allemands au moyen âge. Il a la grâce, souvent la force. Ses rythmes sont variés ; et chose plus rare, ses sujets. Gottfried de Strasbourg le regardait comme le chorège. « Maintenant que le monde ne l’a plus, qui donc conduira la troupe ? Qui donc portera la bannière ? Qui donc chantera comme lui sur la bruyère et dans les bois ?… » (Tristan et Iseult.) J’ai souligné ces mots : sur la bruyère, qui sont peut-être une allusion à l’une des plus charmantes pièces de Walther :
Unter der linden
An der Heide,
Da unser zweier bette was,
Da muget ir vinden
Schone beide
Gebrochen bluomen unde gras.
Vor dem Walde in einem tal,
Tandaradei !
Schone sanc diu nahtegal.
J’en ai risqué cette traduction, qui reproduit du moins le rythme très neuf et très musical. Que le lecteur veuille bien avoir égard à la difficulté.
SOUS LES TILLEULS
Sous les tilleuls,
Sur la bruyère,
On a dormi : nous étions seuls.
Ô doux mystère
Que dut trahir
L’herbe et les fleurs qu’on dut flétrir !
Bois ombreux ! fraîche vallée !
Tandaradei !
Ô chanson d’amour envolée !