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Valentin (Marquis Raphaël de[1]), fils unique des précédents, né en 1804 et probablement à Paris, où il fut élevé ; perdit sa mère, de fort bonne heure, et, après une enfance triste, ne recueillit, à la mort de son père, qu’une somme de onze cent douze francs avec laquelle il vécut, pendant près de trois ans, à raison d’un franc par jour, hôtel de Saint-Quentin, rue des Cordiers. Il y entreprit deux grandes œuvres, une comédie qui devait lui donner la célébrité en un jour et une Théorie de la volonté, long ouvrage, comme celui de Louis Lambert, destiné à compléter les travaux de Mesmer, de Lavater, de Gall et de Bichat. — Raphaël de Valentin, reçu docteur en droit, était destiné par son père à la carrière d’homme d’État. Réduit à la plus extrême misère, privé de sa ressource dernière, la petite île de la Loire, héritage maternel, il allait se suicider, en 1830, lorsqu’un étrange marchand de curiosités du quai Voltaire, chez lequel il était entré par hasard, lui fit cadeau d’une extraordinaire peau de chagrin, dont la possession devait tout lui procurer, en abrégeant sa vie à chaque désir. Invité quelques instants après à un somptueux repas chez Frédéric Taillefer, Raphaël se trouva, dès le lendemain, l’héritier de six millions ; mais il mourut, phtisique, dans l’automne de 1831, entre les bras de Pauline Gaudin, qu’il aimait, dont il était aimé et qu’il tenta en vain de posséder, dans un effort suprême. Millionnaire, Raphaël de Valentin habitait, ami de Rastignac et de Blondet, gardé par son fidèle serviteur Jonathas, un hôtel de la rue de Varenne. Auparavant, il avait aimé follement certaine comtesse Fœdora. — Ni les eaux d’Aix, ni celles du Mont-Dore, successivement prises, n’avaient pu lui restituer une santé irrémédiablement compromise (La Peau de Chagrin).

Valentine, prénom de l’héroïne et titre d’un drame-vaudeville[2] en deux actes de Scribe et de Mélesville, représenté au Gymnase-Dramatique, le 4 janvier 1836, plus de vingt ans après la mort de M. et madame de Merret, dont cette pièce retraçait, plus ou moins respectée, la tragique aventure (La Muse du Département).

  1. Pendant l’année 1851, l’Ambigu-Comique joua un drame d’Alphonse Arnault et de M. Louis Judicis, où se trouve reproduite l’existence de Raphaël Valentin.
  2. Madame Eugénie Sauvage, qui vit encore, jouait le rôle principal.