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Denis, associés pour l’exploitation de ce fonds, se retirèrent à Provins dès 1823 ; ils y habitèrent la maison de leur père, décédé depuis quelques mois, et y recueillirent leur cousine, la jeune Pierrette Lorrain, orpheline de père et de mère, nature délicate qu’ils traitèrent grossièrement, et qui mourut à la suite d’un acte de brutalité dont elle avait été victime de la part de Sylvie, vieille fille jalouse, recherchée pour sa dot par le colonel Gouraud, et qui se croyait trahie par lui pour Pierrette (Pierrette).

Rogron (Jérôme-Denis), de deux ans moins âgé que sa sœur Sylvie, fut, comme elle, envoyé à Paris, par son père ; dès son plus jeune âge, entra chez un des plus forts marchands merciers de la rue Saint-Denis, la maison Guépin, aux Trois Quenouilles, et en fut le premier commis à dix-huit ans. Associé ensuite avec Sylvie pour l’exploitation du fonds de mercerie de la Sœur de Famille, il se retira avec elle, en 1823, à Provins. — Jérôme-Denis Rogron, homme chétif, d’esprit très borné, était entièrement dirigé par Sylvie, qui avait « du bons sens et le génie de la vente ». Il laissa persécuter Pierrette Lorrain par sa sœur, et, appelé devant le tribunal de Provins, comme responsable de la mort de la jeune fille, se vit acquitté. Dans sa petite ville, Rogron, à l’instigation de l’avocat Vinet, faisait de l’opposition au gouvernement de Charles X ; après 1830, il fut nommé receveur général ; l’ancien libéral, sorti du peuple, disait alors que Louis-Philippe ne serait vraiment roi que quand il pourrait faire des nobles. En 1828, quoique laid et sans intelligence, il avait épousé la belle Bathilde de Chargebœuf, qui lui inspira l’amour insensé des vieillards (Pierrette).

Rogron (Madame Denis), née Bathilde de Chargebœuf, vers 1803, une des plus belles jeunes filles de Troyes, pauvre, noble et ambitieuse, dont son parent l’avocat Vinet avait fait « une petite Catherine de Médicis », et qui se laissa marier par lui à Denis Rogron. Quelques années après ce mariage, elle espérait être veuve à bref délai et pouvoir épouser le général marquis de Montriveau, pair de France, qui lui rendait des soins et commandait le département où Rogron avait une recette (Pierrette).

Roguin, né en 1761 ; pendant vingt-cinq ans, notaire à Paris,