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nation réciproque, qui fut suivie d’un mariage. Les témoins de Marie-Modeste Mignon furent le duc d’Hérouville et le docteur Desplein. Devenue une des Parisiennes les plus enviées, madame Ernest de la Bastie la Brière fréquenta, sous Louis-Philippe, mesdames de l’Estorade et Popinot (Modeste Mignon. — Le Député d’Arcis. — La Famille Beauvisage. — La Cousine Bette). (La Bastie est quelque fois écrit La Bâtie.)

La Baudraye[1] (Jean-Athanase-Polydore Milaud de), Berrichon, né en 1780, descendait de simples Milaud anoblis. — M. de la Baudraye eut pour père un financier, bel esprit galant ; pour mère une Castéran-la-Tour. Il était de santé frêle et de constitution pauvre, héritage de la folle vie paternelle. Son père, après sa mort, lui avait laissé une grande quantité de créances sur les beaux noms de l’aristocratie émigrée. D’une avarice très éveillée, Polydore de la Baudraye s’occupa de ses recouvrements, une fois la Restauration venue ; fit de fréquents voyages à Paris ; négocia, hôtel de Saxe, rue Saint-Honoré, avec Clément Chardin des Lupeaulx ; obtint, sous promesse réalisée de les vendre fructueusement, des places ou des titres, et successivement passa référendaire aux sceaux, baron, officier de la Légion d’honneur, maître des requêtes. La recette particulière de Sancerre, qui lui échut aussi, fut achetée par Gravier. M. de la Baudraye ne quitta point Sancerre : il se maria, vers 1823, avec mademoiselle Dinah Piédefer, devint gros propriétaire par suite de l’acquisition du château et du domaine d’Anzy, constitua un majorat dont bénéficia un fils né des amours adultérines de sa femme, sut exploiter celle-ci, lui arracha procuration et signature, s’embarqua pour l’Amérique, revint enrichi de l’important patrimoine de Silas Piédefer (1836-1842). Il possédait alors, à Paris, un superbe hôtel, rue de l’Arcade. Il y reconquit sa femme, qui l’avait abandonné, et l’y installa ; se vit promu comte, commandeur de la Légion d’honneur, pair de France. Frédéric de Nucingen le reçut comme tel et lui servit de parrain, quand la mort de Ferdinand d’Orléans (été 1842) nécessita au Luxembourg la présence de M. de la Baudraye (La Muse du Département).

  1. La devise du blason des La Baudraye était : Deo patet sic fides et hominibus.