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hypothéquant les biens de sa femme, et acheva de se ruiner. Il partit alors pour l’Amérique, d’où il revint, six ans plus tard, avec sa fortune refaite. Le marquis d’Aiglemont mourut, épuisé de fatigues, en 1835 (La Maison du Chat qui pelote. — La Maison Nucingen. — La Femme de Trente Ans).

Aiglemont (Générale, marquise Julie d’), femme du précédent ; née en 1792. — Ce fut malgré les avis de son vieux père, M. de Chatillonest, qu’elle épousa, en 1813, le séduisant colonel Victor d’Aiglemont, son cousin. Désillusionnée promptement, atteinte d’ailleurs d’une « inflammation assez ordinairement mortelle, que les femmes se confient à l’oreille », elle tomba dans une mélancolie profonde. La mort de la comtesse de Listomère-Landon, sa tante par alliance, la priva de conseils et de soins précieux. Cependant elle devint mère et trouva, dans le sentiment de ses devoirs nouveaux, la force de résister à l’amour, partagé, qu’elle éprouvait pour un jeune et romanesque Anglais, lord Arthur Ormond Grenville, qui, ayant étudié la médecine, la soigna et la guérit de ses souffrances physiques, et mourut pour ne pas la compromettre. La marquise, le cœur brisé, se retira dans la solitude d’un vieux château, situé au milieu d’un paysage triste et aride, entre Moret et Montereau ; elle s’y recueillit pendant un an environ, toute à sa douleur, sans accepter les consolations de la religion qui lui furent offertes par le vieux curé du village de Saint-Lange ; puis elle fit sa rentrée dans le monde, à Paris. Alors, âgée d’environ trente ans, elle se laissa toucher par la passion vraie du marquis de Vandenesse. Un enfant, appelé Charles, naquit de ces relations, mais périt bientôt dans des circonstances tragiques. Deux autres enfants, Moïna et Abel, naquirent également au cours de cette liaison ; ils devinrent les préférés de leur mère, au détriment des deux aînés, Hélène et Gustave, qui appartenaient réellement au marquis d’Aiglemont. Vers l’âge de cinquante ans, madame d’Aiglemont, restée veuve et n’ayant plus de ses cinq enfants que sa fille Moïna, la maria, en sacrifiant toute sa fortune, avec M. de Saint-Héreen, héritier d’une des plus illustres maisons de France. Elle vint alors habiter chez son gendre, dans un hôtel magnifique en bordure de l’esplanade des Invalides ; mais sa fille ne répondait guère à son affection : frois-