Page:Comédie humaine - Répertoire.djvu/262

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

chercha au dehors les joies du ménage, quoiqu’il eût déjà quatre enfants de son mariage. Il avait rencontré Caroline Crochard, rue du Tourniquet-Saint-Jean ; il l’installa rue Taitbout, et trouva, dans ce commerce d’une trop courte durée, les joies familiales vainement espérées dans le ménage légitime. Granville abrita du pseudonyme de Roger ce fragile bonheur. Une fille, un fils, Eugénie, Charles, naquirent de l’union adultérine que rompit la désertion de mademoiselle Crochard et qu’attrista l’inconduite cruellement surprise de ce même Charles. Jusqu’à la mort de madame Crochard, mère de Caroline, Granville put garder et sauver les apparences devant la comtesse Angélique. Aussi l’accompagnait-il à la campagne, en Seine-et-Oise, quand il y secourut MM. d’Albon et de Sucy. Le reste de la vie de Granville, abandonné par sa femme et par sa maîtresse, s’écoula, solitaire, dans le commerce d’étroites amitiés où figurèrent Octave de Bauvan et Sérizy. Le travail et les honneurs le consolèrent à demi. Son réquisitoire de procureur général fit réhabiliter César Birotteau, l’un de ses locataires du 397 de la rue Saint-Honoré, au fameux bal duquel Angélique et lui avaient été conviés plus de trois années auparavant. Procureur général à la Cour de cassation, Granville protégea secrètement Lucien de Rubempré lors du célèbre procès criminel du poète et s’attira l’affection et l’inimitié, puissantes également, de Jacques Collin et d’Amélie Camusot. La révolution de Juillet maintint la belle situation de Granville, pair de France du nouveau régime, possédant et habitant un petit hôtel rue Saint-Lazare, ou bien encore parcourant l’Italie. Il était à cette époque l’un des clients du docteur Bianchon (Une Ténébreuse Affaire. — Une Double Famille. — Adieu. — César Birotteau. — Splendeurs et Misères des Courtisanes. — La Dernière Incarnation de Vautrin. — Une Fille d’Ève. — Le Cousin Pons).

Granville (Comtesse Angélique de), femme du précédent et fille du fermier Bontems, espèce de jacobin qu’enrichit la Révolution, par suite de l’achat à vil prix de biens d’émigrés. Elle naquit à Bayeux en 1787 et y reçut, de sa mère, une éducation fort bigote. Au commencement de l’Empire, elle épousa le fils d’un des voisins de sa famille, alors vicomte et plus tard comte de Granville, et, sous