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de Rubempré, qui s’aimèrent à première vue. Leurs amours traversèrent ensuite mille péripéties. Le poète et l’ex-prostituée commirent la faute de s’aventurer à l’Opéra, pendant un des bals de l’hiver 1824. Démasquée, insultée, Esther Gobseck s’enfuit rue de Langlade[1], où elle vivait misérablement. Le dangereux, puissant et occulte protecteur de Rubempré, Jacques Collin, la suivit chez elle, la sermonna, et, enfin, décida de l’existence d’Esther, qu’il rendit catholique, éleva soigneusement et ramena, plus tard, pour Lucien, rue Taitbout. Gardée par Jacqueline Collin, Paccard et Prudence Servien, mademoiselle Gobseck occupa l’appartement de Caroline Crochard. La promenade ne lui était permise que la nuit. Cependant, le baron de Nucingen découvrit ce mystère voulu et devint amoureux fou d’Esther ; Jacques Collin exploita la situation : Esther dut accepter le banquier, et enrichir ainsi Chardon de Rubempré. En 1830, Esther Gobseck possédait, rue Saint-Georges, un hôtel dont jouirent auparavant plusieurs célèbres courtisanes, et recevait madame du Val-Noble, Tullia et Florentine (deux danseuses), Fanny Beaupré et Florine (deux actrices). Sa nouvelle position avait provoqué la formidable intervention policière de Louchard, Contenson, Peyrade et Corentin. Le 13 mai 1830, incapable de supporter davantage Nucingen, à qui elle s’était livrée la veille afin de s’exécuter, la Torpille absorba un topique javanais. Elle mourut, héritière sans le savoir de sept millions de son arrière-grand-oncle, Jean-Esther van Gobseck (Gobseck. — La Maison Nucingen. — La Rabouilleuse. — Splendeurs et Misères des Courtisanes).

Godain, né en 1798, dans la campagne bourguignonne voisine de Soulanges, Blangy et la Ville-aux-Fayes, neveu d’un des maçons constructeurs de la maison de madame Soudry ; malingre travailleur des champs, réformé pour l’exiguïté de sa taille, avare et pauvre qu’il était ; fut d’abord l’amant, puis le mari de Catherine Tonsard, qu’il épousa vers 1823 (Les Paysans).

Godain (Madame Catherine), l’aînée des filles légitimes de Tonsard, cabaretier du Grand I vert situé entre Conches et la Ville-aux-Fayes (Bourgogne). — Beauté virile, nature aux instincts dépravés,

  1. Supprimée par suite de l’ouverture de l’avenue de l’Opéra.