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le dévoué Chesnel payait tout. Le jeune d’Esgrignon était systématiquement poussé au désordre par un complice de son âge, Fabien du Ronceret, perfide courtisan que soldait M. du Croisier. Vers 1823, Victurnien d’Esgrignon fut envoyé à Paris ; pour son malheur, il tomba dans le monde des roués parisiens, les Marsay, Ronquerolles, Trailles, Chardin des Lupeaulx, Vandenesse, Ajuda-Pinto, Beaudenord, Martial de la Roche-Hugon, Manerville, rencontrés chez la marquise d’Espard, chez les duchesses de Grandlieu, de Carigliano, de Chaulieu ; chez les marquises d’Aiglemont et de Listomère ; chez madame Firmiani, chez la comtesse de Sérizy ; à l’Opéra, aux ambassades, partout où le menaient son beau nom et sa fortune apparente. Bientôt il devint l’amant de la duchesse de Maufrigneuse, se ruina pour elle et finit par faire un faux, au préjudice de M. du Croisier, pour se procurer cent mille francs. Ramené, en toute hâte, à Alençon, par sa tante, il fut sauvé, à grand’peine, des poursuites judiciaires. Il eut ensuite un duel avec M. du Croisier, qui le blessa assez dangereusement. Victurnien d’Esgrignon épousa, néanmoins, peu de temps après la mort de son père, mademoiselle Duval, nièce de l’ancien fournisseur. Il ne se préoccupa, d’ailleurs, nullement de sa femme et reprit sa joyeuse vie de garçon (Le Cabinet des Antiques. — Mémoires de Deux Jeunes Mariées). Suivant Marguerite Turquet, « le petit d’Esgrignon avait été bien rincé » par Antonia (Un Homme d’Affaires). En 1832, Victurnien d’Esgrignon déclarait chez madame d’Espard, devant une nombreuse compagnie, que la princesse de Cadignan (madame de Maufrigneuse) était une femme dangereuse. « Je lui dois l’infamie de mon mariage, » ajoutait-il. Daniel d’Arthez, alors épris de cette femme, était présent à l’entretien (Les Secrets de la Princesse de Cadignan). En 1838, Victurnien d’Esgrignon assistait, avec des artistes, des lorettes et des hommes d’affaires, à l’inauguration de l’hôtel offert à Josépha Mirah, par le duc d’Hérouville, rue de la Ville-l’Évêque. Le jeune marquis avait été, lui aussi, l’amant de Josépha : le baron Hulot la lui avait disputée autrefois (La Cousine Bette).

Esgrignon (Marie-Armande-Claire d’), née vers 1775, sœur du marquis d’Esgrignon, tante de Victurnien d’Esgrignon, à qui elle tint lieu de mère avec une tendresse absolue. — Dans ses vieux jours,