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employait les charmes irrésistibles de Valérie à la satisfaction de sa haine pour ses riches parents, madame Marneffe appartint à la fois à Marneffe, au Brésilien Montès, au Polonais Steinbock, à Célestin Crevel et au baron Hulot ; à chacun de ces cinq hommes, elle fit accroire qu’il était le père d’un enfant dont elle se trouvait être enceinte en 1841 et qui mourut en venant au monde. Pendant cette période, elle se fit surprendre par un commissaire de police dans la petite maison de la rue du Dauphin, appartenant à Crevel ; Hector Hulot était son compagnon de lit. Après avoir demeuré avec Marneffe rue du Doyenné, dans la maison habitée par Lisbeth Fischer (la cousine Bette), elle fut installée rue Vaneau par le baron Hulot ; puis, par Crevel, dans un hôtel de la rue Barbet-de-Jouy. Elle mourut en 1843, deux jours avant Célestin. Elle s’éteignit en « faisant Dieu », suivant son expression ; elle léguait, comme une restitution, trois cent mille francs à Hector Hulot. — Valérie Marneffe ne manquait pas d’esprit. Le grand critique Claude Vignon appréciait particulièrement l’intelligente dépravation de cette femme (La Cousine Bette).

Crochard, danseur à l’Opéra, dans la seconde moitié du xviiie siècle. Chargé de commander les évolutions sur le théâtre, il dirigea avec entrain une bande d’assaillants contre la Bastille, le 14 juillet 1789, devint officier, colonel, et mourut en 1814, des suites de blessures reçues à Lutzen, le 2 mai 1813 (Une Double Famille).

Crochard (Madame), veuve du précédent. Elle avait chanté dans les chœurs, auprès de son mari, avant la Révolution ; en 1815, elle vivait pauvrement, à Paris, avec sa fille Caroline, du métier de brodeuse, dans une maison de la rue du Tourniquet-Saint-Jean[1], qui appartenait à Molineux. Madame Crochard, souhaitant de voir un « protecteur » à sa fille, favorisa l’amour du comte de Granville pour Caroline. Il l’en récompensa par une allocation viagère de trois mille francs, et elle mourut, en 1822, dans un logement convenable, rue Saint-Louis, au Marais. Elle portait constamment sur la poitrine la croix de chevalier de la Légion d’honneur conférée à son mari par l’empereur. La veuve Crochard, surveillée par un avide

  1. De vieille date, déjà, détruite par les divers dégagements de l’hôtel de ville.