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un couloir de théâtre pour me parler du projet formé par M. Cerfberr, et presque aussitôt nous découvrions que le même projet avait été conçu par M. Christophe. Ce dernier avait déjà organisé tout un casier de fiches, étiquetées et classées avec les noms des personnages de Balzac. Quand deux hommes se rencontrent dans une même entreprise de collectionneurs, il ne leur reste qu’à se haïr ou à mettre en commun leur effort. Grâce à l’excellent Allenet, les deux balzaciens profès s’entendirent à merveille. Pauvre Allenet ! Nous le conduisîmes peu de temps après au cimetière, par un triste après-midi de fin d’automne, nous tous qui l’avions connu et aimé. Il est mort aussi, l’autre balzacien qui s’était tant intéressé à cette œuvre, et pour qui la Comédie humaine était une pensée unique, Honoré Granoux. C’était un négociant de Marseille, d’aspect un peu chétif et déjà bien souffrant, lorsque je l’ai connu ; mais il revivait en parlant de Balzac ; et avec quelle vénération mystérieuse de conspirateur il prononçait ces mots : « le Vicomte »…, désignant par là, pour les initiés suprêmes en Balzacolâtrie, l’incomparable bibliophile auquel nous devons l’histoire des œuvres du romancier, M. de Spoelberch de Lovenjoul ! « Le Vicomte approuvera ou désapprouvera… », c’était la formule absolue pour Granoux qui s’était, lui, consacré à l’immense travail de réunir les moindres articles publiés sur Balzac depuis les débuts de l’écrivain. Et, voyez quelle fascination ce diable d’homme — comme Théophile Gautier disait encore — exerce sur ses disciples, je me rends bien compte que ces petits détails de manie balzacienne vont faire sourire le lecteur. Quant à moi, je les ai trouvés et je les trouve encore aussi naturels que le mot de Balzac à Jules Sandeau qui lui