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d’un abri sous lequel on peut les mettre à couvert aussi bien que les petits des brebis et des autres animaux, les fruits et les diverses choses qui servent à l’espèce humaine pour sa nourriture et ses vêtements.

[4] C’est pourquoi, les objets dont nous avons parlé demandant du travail et de la diligence, et ne pouvant être conservés à la maison qu’après avoir au dehors exigé beaucoup de peine, il était juste que la nature réservât, comme je l’ai dit, les travaux de la maison à la femme, et les fatigues du dehors ainsi que les excursions lointaines au mari : aussi a-t-elle départi à l’homme les chaleurs et le froid à supporter, les voyages, les travaux de la paix et de la guerre, c’est-à-dire l’agriculture et les services militaires ;

[5] et a-t-elle confié à la femme, qu’elle a faite impropre à ces occupations, la gestion des affaires domestiques. Comme elle avait disposé le sexe féminin à la conservation et à la vigilance, elle l’a rendu plus timide que le sexe masculin, parce que la crainte de perdre détermine puissamment à la vigilance pour garder ce qu’on possède.

[6] Mais l’homme étant quelquefois obligé de repousser les attaques au dehors, quand il est en plein champ occupé à chercher sa subsistance, la nature le fit plus hardi que la femme. Et comme, d’un autre côté, après avoir rassemblé les provisions, la mémoire et l’attention n’étaient pas moins nécessaires à l’homme qu’à la femme, elle a également doué l’un et l’autre de ces facultés. De plus, la simple nature, pour que tous les avantages ne fussent pas le partage d’un même individu, a voulu que les deux sexes eussent réciproquement besoin de l’autre : aussi ce qui manque à l’un se trouve ordinairement chez l’autre.

[7] Ce n’est pas en vain que Xénophon dans son Economique, et ensuite Cicéron, qui a traduit cet ouvrage en