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l’imbibe encore de lie d’huile ; puis, lorsqu’elle est desséchée, on peut y déposer le froment. Ce travail paraît protéger très avantageusement les dépôts de grains contre le dommage qu’occasionnent les charançons et les autres insectes de même genre, qui, par faute de tels soins, auraient promptement dévoré ces céréales. On ne saurait dissimuler néanmoins que ces greniers que nous verrons de décrire, s’ils n’occupent dans la ferme une position très sèche, ne pourront préserver de la moisissure les grains le mieux en état d’y résister. Si un tel emplacement n’existe pas, on peut aussi les conserver sous terre, comme on en use dans quelques contrées d’outremer, où le sol, creusé en manière de puits qu’on y appelle siros, reçoit les productions qu’il a données. Mais, dans notre Italie où l’humidité est considérable, nous croyons préférables les greniers élevés dont l’aire a été préparée et les murs enduits, puisque, comme je l’ai dit, le sol et la muraille, dans ces conditions, ne permettent pas aux charançons d’y pénétrer. Quand ce fléau survient, beaucoup de personnes pensent qu’on peut s’en délivrer en exposant, dans le grenier, les grains attaqués à la ventilation et à une sorte de refroidissement. Cette assertion est de toute fausseté ; car par ce procédé les insectes ne sont pas chassés, mais sont dispersés dans tous les tas. Si, au contraire, on ne les déplace pas, ils n’endommagent que la superficie de ces monceaux, puisqu’on ne voit pas le charançon naître au-dessous de la profondeur d’un palme. Or, il vaut mieux sacrifier ce qui est déjà gâté, que d’exposer toute la récolte. Quand on aura besoin de grain, il sera facile d’enlever la partie altérée et d’employer les couches inférieures. Au reste, quoique ces observations soient étrangères à la matière que nous traitons, je ne regarde pas comme hors de propos de les rapporter en ce lieu. Les pressoirs, surtout les celliers à huile, doivent être