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s’ils ne sont emportés par la force du vent, engendrent des épidémies funestes aux hommes et aux troupeaux. Comme je l’ai dit, l’exposition la plus favorable, pour la ferme sera l’orient ou le midi dans les localités saines, et le nord dans les lieux insalubres. Il sera toujours avantageux aussi de lui faire regarder la mer, pourvu que celle-ci la batte et l’arrose de ses flots ; mais on ne devra jamais la placer ainsi sur le rivage, à moins qu’une certaine distance ne la sépare des eaux : car il vaut mieux, si l’on n’y touche pas, en être éloigné par un grand que par un petit intervalle, puisque les exhalaisons dangereuses occupent l’espace intermédiaire. Il ne convient nullement que les bâtiments soient voisins d’un marais ni d’une voie militaire : les eaux stagnantes laissent échapper, par l’effet des chaleurs, des miasmes empoisonnés, et engendrent des insectes armés d’aiguillons offensifs, lesquels fondent sur nous en épais essaims ; on y est aussi infesté par des reptiles et des serpents qui, privés de l’humidité des hivers, recueillent leur venin dans la fange et l’ordure en fermentation. On contracte souvent ainsi des maladies dont les caractères sont tellement obscurs que les médecins eux-mêmes ne peuvent les reconnaître. Là, toute l’année, l’exposition et l’humidité détériorent les instruments rustiques, les meubles, et même les fruits de la terre, tant ceux qui sont serrés que ceux qui restent à découvert. Sur les voies publiques, on est exposé au pillage de la part des voyageurs qui passent, et l’économie souffre de l’hospitalité fréquente à donner aux visiteurs. Pour éviter d’aussi graves inconvénients, je pense qu’il ne faut construire la ferme sur un chemin, ni dans un lieu malsain, mais loin de la route et sur un point élevé, eu tournant la façade vers l’orient équinoxial. Une telle exposition offre un juste tempérament entre les vents d’hiver et ceux d’été. Plus le sol en sera exposé au levant, plus librement il