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ou salée. Si l’eau courante n’existe pas et qu’on n’ait pas l’espoir de trouver de l’eau de puits, on construira de vastes citernes pour les hommes et des piscines pour les troupeaux, dans lesquelles on rassemblera celles des eaux pluviales qui seront les plus favorables à la santé du corps. Elles seront très bonnes si elles sont conduites dans la citerne, bien couverte, par des tuyaux de terre cuite. Il est une eau qui vaut presque celle des pluies : c’est celle qui prend sa source dans une montagne, si elle en descend à travers les rochers, comme on le voit en Campanie dans le Guarcène. La troisième en qualité est l’eau d’un puits creusé sur une colline, ou du moins sur le penchant d’une vallée. La plus mauvaise de toutes est celle des marais qui rampe en son cours paresseux. Quant à celle qui reste immobile dans les marais, elle est pestilentielle ; toutefois, quelque nuisible qu’elle soit, elle devient moins malfaisante en hiver, amendée qu’elle est par les pluies : d’où il faut conclure que l’eau du ciel est éminemment salubre, puisqu’elle dissipe ce qu’avait de pernicieux un même liquide empoisonné. Au surplus, nous avons désigné celle qui est la meilleure à boire. Dans tous les cas, pour tempérer les chaleurs de l’été autant que pour l’agrément des lieux, on retire un immense avantage des ruisseaux que, si le gisement du terrain ne s’y oppose pas, il faut, à mon avis, pour peu qu’ils soient de nature douce, conduire à la métairie de quelque part qu’ils viennent. S’il se trouve une rivière au-dessous et, à une certaine distance du coteau, pourvu que la salubrité du lieu et le sol élevé de ses bords le permettent, on y élèvera les bâtiments à proximité du courant ; toutefois on fera en sorte qu’ils lui présentent plutôt le derrière, afin que la façade de l’édifice soit à l’abri des mauvais vents de la contrée et tournée vers les vents favorables : car la plupart des rivières se couvrent en été de vapeurs, et en hiver de froids brouillards, qui,