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que l’on cultive la terre ; d’ailleurs, par ces tentatives, le possesseur parvient à se former dans les opérations qu’il lui convient le mieux d’entreprendre, et parvient à rendre plus productifs encore les champs les plus fertiles. Il ne faut donc nulle part négliger de varier ses expériences ; et c’est même dans un terrain gras qu’il faut le plus tenter d’innovations, parce que le résultat y récompense toujours du travail et des frais. Mais de même qu’il importe de connaître quelle est la qualité du fonds et quelle est la culture qui lui convient, il ne faut pas, non plus, ignorer comment doivent être construits les bâtiments de la ferme, et quelle disposition est la plus avantageuse pour son exploitation. On n’a pas oublié que beaucoup de propriétaires se sont trompés à cet égard, comme L. Lucullus et Q. Scévola, personnages si distingués, dont l’un fit construire des édifices trop considérables, l’autre de trop exigus, pour l’étendue de leurs métairies : faute également préjudiciable à leurs intérêts. En effet, de vastes enclos exigent plus de bâtiments et nécessitent de plus grandes dépenses ; s’il y a trop peu de constructions pour l’étendue du fonds, on est exposé à en perdre la récolte : car les productions de la terre, soit sèches, soit liquides, se gâtent facilement si, pour les conserver, on n’a pas d’abris, ou que ces bâtiments soient incommodes par leur insuffisance. Le maître aussi bâtira pour lui-même, selon ses facultés, le mieux qu’il lui sera possible, la maison qu’il doit habiter, afin qu’il se rende plus volontiers à sa campagne et qu’il puisse y séjourner avec plus d’agrément. Il aura pour ce soin un motif de plus si sa femme l’y accompagne, puisque ce sexe a plus de délicatesse et de corps et d’esprit : c’est pourquoi il faudra la séduire par les attraits de la demeure, afin qu’elle y reste plus patiemment avec son mari. Le propriétaire ne négligera donc pas de bâtir avec élégance, sans toutefois se jeter dans la