Page:Columelle - L'Économie rurale, Tome 1, trad Du Bois, 1844.djvu/59

Cette page n’a pas encore été corrigée

lorsque nous traiterons des diverses espèces de terres. Cependant, en général, j’atteste et proclame souvent que déjà, dans la première guerre punique, l’illustre capitaine M. Attilius Regulus passe pour avoir dit qu’il ne faut faire l’acquisition d’un fonds, ni très fertile, s’il est insalubre, ni épuisé, fût-il le plus sain du monde. C’est ce qu’Attilius persuadait aux agriculteurs de son temps, avec le poids d’une autorité que rendait plus grande encore son expérience : car l’histoire rapporte qu’il cultivait un champ à la fois pestilentiel et maigre, à Pupinie. De même qu’un homme raisonnable ne doit pas acheter indifféremment une propriété dans quelqu’endroit que ce soit, ni se laisser aveuglément entraîner par l’attrait de la fertilité ni par la séduction des délices ; de même il convient à un bon père de famille de rendre utile et productif ce qu’il aura acheté ou reçu par héritage. Il y parviendra d’autant plus facilement, que nos pères nous ont transmis beaucoup de moyens de remédier à l’insalubrité de l’atmosphère, d’atténuer la violence des maladies pestilentielles, et d’autres à l’aide desquels l’habileté et l’activité du cultivateur peuvent vaincre la maigreur d’un sol improductif. Nous parviendrons à ce but, si nous avons confiance, comme à un oracle, à un poète éminemment véridique, qui dit : « Ayez soin de connaître d’avance les vents et les variations du ciel, les pratiques du pays, la disposition du terrain, et ce que la contrée peut rapporter et ce qu’elle refuse de produire. » Cependant, non contents de l’autorité des cultivateurs tant anciens que présents, nous n’omettrons pas nos propres exemples et les nouvelles expériences que nous pourrons tenter. Quoique ces essais soient parfois préjudiciables pour quelques parties, ils sont pourtant avantageux en somme, puisque ce n’est jamais sans produit